Assassinat de Villeurbanne : loin de Neyret mais le trafic de cocaïne en arrière-plan

Assassinat de Villeurbanne : loin de Neyret mais le trafic de cocaïne en arrière-plan

Deux individus ont été mis en examen pour meurtre en bande organisée par une juge d’instruction lyonnaise ce mardi dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Lali L.

La police judiciaire est allée vite dans ce dossier. Vendredi soir, vers 21h15, Lali L., 38 ans et bien connu des services de police, était abattu à Villeurbanne par deux hommes à moto qui ont tiré avec une arme de petit calibre.

 

Peu avant ce règlement de comptes sommaire, une altercation avait éclaté dans un bar avec deux autres individus. La concordance des deux évènements a d’abord lancé les enquêteurs sur une tentative d’enlèvement qui aurait mal tourné selon une source proche du dossier.

 

Mais, la brigade criminelle de la PJ a été d’une redoutable efficacité dans cette enquête. Dans les heures qui ont suivi la mort de Lali L., deux individus ont été interpellés et placés en garde à vue. Ils ont été mis en examen ce mardi pour meurtre en bande organisée par la juge Nathalie Andreassian qui concentre au sein du TGI de Lyon plusieurs dossiers de règlements de comptes survenus dans l’agglomération lyonnaise ces dernières années.

 

Lali L. était bien connu dans le milieu des caïds lyonnais. Connu pour braquage et trafic de stupéfiants, l’annonce de sa mort a fait le tour des prisons de toute la région en à peine une demi-heure.

 

L’arrière-fond du trafic de cocaïne

 

Le lendemain de son décès, l’ensemble de la presse le désignait comme étant un indicateur de l’ancienne star de la PJ de Lyon, Michel Neyret. Les lecteurs pouvaient ainsi aisément faire un lien entre sa mort et sa qualité d’indicateur. De manière assez invraisemblable dans les annales de la presse judiciaire, il faut bien le dire, un truand était ainsi qualifié publiquement d’indic des services de police.

 

Or, sa mort n’a pourtant rien à voir avec Michel Neyret. Ce règlement de comptes a pour arrière-fond un trafic de cocaïne. Selon nos informations, Lali L. aurait approché des trafiquants de la région parisienne en vue d’alimenter un trafic de cocaïne sur la région lyonnaise. Le deal se chiffrait à un demi-million d’euros selon une source proche du dossier. C’est dans ce contexte qu’intervient la mort de Lali L. qui aurait escroqué les commanditaires de ce trafic.

 

Alors pourquoi le désigner comme indicateur ? Il est vrai que son nom circule depuis quelques années dans le milieu comme étant un informateur de Michel Neyret. Une lettre anonyme avait été envoyée au juge d’instruction en charge de l’enquête sur l’ancien numéro 2 de la PJ de Lyon désignant Lali L. comme informateur de la PJ. La missive s’interrogeait notamment sur un braquage en Suisse lors duquel la PJ ne l’aurait pas suffisamment recherché. CQFD selon la lettre anonyme.

 

Le PV des Renseignements Généraux

 

Enfin, un PV qui a circulé dans le milieu et dans de nombreuses prisons lyonnaises évoque le rôle de Lali L. Ce document daté du 19 janvier 2012 relate l’audition d’un brigadier-chef des Renseignements Généraux. « J’ai vu que votre dossier concernait Lali L. et je préfère vous dire tout de suite que tout ce qui concerne les notes de contact établies sur cet individu est couvert par le confidentiel-défense. Si vous voulez avoir accès aux notes de contact que j’ai pu établir sur cet individu, il faut demander la levée du confidentiel-défense et demander la copie des notes confidentielles que j’ai pu faire. Je précise que toutes les notes de contact avec des informateurs immatriculés et qui concernent la DIPJ de Lyon que j’ai pu faire ont été transmises à M. Catto [ex, directeur interrégional de la PJ de Lyon] ou par M. Neyret par la voie hiérarchique ».

 

Dans cette audition, rien ne dit que Lali L. est un informateur de Michel Neyret. Pourtant, les prisons lyonnaises se sont fait passées ce PV. Chacun a lu un peu vite. Michel Neyret a toujours nié qu’il s’agissait de l’un de ses informateurs alors qu’il a admis sur procès-verbal que d’autres individus désignés par le juge d’instruction étaient bien des indicateurs à lui.