Législatives: Michel Havard au risque du bannissement politique

Législatives: Michel Havard au risque du bannissement politique

Une réunion de la commission d’investiture du parti Les Républicains doit se tenir à Paris mardi 14 juin. Elle doit se pencher sur la liste des candidats à investir pour les élections législatives des 11 et 18 juin 2017. Dans la 1ere circonscription du Rhône dans laquelle Michel Havard était député (2007-2012), les parlemen

Avec les législatives, Michel Havard joue gros. Leader de l’opposition au conseil municipal de Lyon, candidat de la droite lors des dernières élections municipales, Michel Havard doit reconquérir coûte que coûte son siège de député s’il veut continuer à avoir un avenir politique.

 

Toujours critiqué pour ne pas être incarner une force d’opposition suffisamment agressive face à la politique de Gérard Collomb, Havard lasse son camp depuis un bon moment. La droite lyonnaise n’est pas convaincue de sa capacité à reconquérir la ville un jour. Elle n’est pas plus convaincue par sa capacité à reconquérir la 1ere circonscription du Rhône gagnée par le secrétaire d’Etat aux sports, Thierry Braillard en 2012.

 

La très droitière Anne Lorne préférée à Havard

Les parlementaires Les Républicains du Rhône se sont en effet réunis la semaine dernière afin de s’accorder sur la liste des candidats dans chaque circonscription du département. Liste qui devra être transmise à la commission nationale d’investiture qui se réunit mardi 14 juin à Paris. Michel Havard est loin de faire l’unanimité. Certains parlementaires ont donc préféré soutenir la très droitière candidature de la conseillère régionale Anne Lorne qui fut l’égérie de la Manif pour Tous.

 

La loi sur la parité n’est pas étrangère à ce choix. En effet, pour ne pas respecter l’égalité hommes-femmes, le parti Les Républicains sort chaque année le chéquier : 4 millions d’euros de pénalités annuelles pour un parti dont les finances sont exsangues. Dans le Rhône, la situation est compliquée. Sur les quatorze circonscriptions, la droite en détient huit : une femme seulement (Dominique Nachury) pour sept hommes. Le parti de Nicolas Sarkozy a choisi de reconduire les sortants, il faudrait donc placer des femmes dans les circonscriptions tenues par la gauche. Mais la règle a du mal à s’appliquer.

 

Le cas Hamelin arbitré face à Havard ?

En effet, si Nora Berra est candidate dans la 3(tenue par Jean-Louis Touraine, PS), Emmanuelle Haziza dans la 6e (tenue par Pascale Crozon, PS) et une autre femme dans la 14e (tenue par Yves Blein, PS), la deuxième circonscription a été réservé à Emmanuel Hamelin et le maire de Rillieux, Alexandre Vincendet pourrait se lancer dans la 7e même si -  loi sur le non-cumul oblige - lâcher la mairie deux ans à peine après l’avoir conquise serait du plus mauvais effet auprès de ses administrés.

 

Le cas Hamelin est plus surprenant. Logiquement la tâche de reconquérir la 2e circonscription aurait dû échoir à une femme. Hamelin lui-même le redoutait. Mais les parlementaires Les Républicains ont préféré soutenir sa candidature en raison de "ses prises de position, de son travail permanent sur des dossiers polémiques et de ses saillies à l’égard de la politique de Collomb. Il fait un travail d’opposant et le fait bien" souligne un cadre du parti. Si un accord avec l’UDI a fait craindre un temps que la circonscription serait réservée au maire du 2e arrondissement, Denis Broliquier, les dernières prises de position de Nicolas Sarkozy tendant à rejeter le principe de réserver des territoires à l’UDI devrait rassurer Emmanuel Hamelin.

 

Mais surtout, la préférence des parlementaires du Rhône pour la candidature d’Hamelin sonne comme un arbitrage vis-à-vis d’Havard. "On récompense les bons élèves et on punit les autres" sourit-on chez Les Républicains.

 

Michel Havard peut cependant compter sur les soutiens des députés Dominique Nachury ou Michel Terrot. C'est peu, mais c'est déjà ça. Dès lors, la candidature d’Anne Lorne ne fait pas totalement consensus. Peu de chances donc que Les Républicains accordent une quelconque investiture ce mardi. On se dirige donc vers un statut quo jusqu’à la fin de l’année. D’autant plus qu’éliminer Havard dès aujourd’hui reviendrait à couper la tête au "représentant" d’Alain Juppé dans le Rhône alors que la campagne des primaires n’a même pas commencé. Michel Havard a donc encore un peu de temps pour sauver sa tête. Mais le temps presse.

 

Slim Mazni