Agressions de pompiers dans le Rhône : "Que la peur change de camp"

Agressions de pompiers dans le Rhône : "Que la peur change de camp"

Menaces verbales, menaces physiques avec armes blanches et même armes à feu, les pompiers de la région Auvergne-Rhône-Alpes sont inquiets.

Le rapport de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales a dévoilé le nombre d'agressions de sapeurs-pompiers en intervention en France pour l'année 2015. Et ce n’est pas une bonne nouvelle car c'est le Rhône qui est en tête, avec 255 agressions recensées, soit un taux d'agression de 48,9 pour 1000 sapeurs-pompiers. Sur 101 348 interventions sur le terrain.

Un bilan démenti par le SDMIS du Rhône, qui évoque plutôt 70 agressions en 2015.


Rémy Chabbouh, secrétaire général du syndicat SUD Pompiers, explique ces chiffres par deux phénomènes. "Premièrement, au niveau local, il y a une politique d’aides et de prise en charge des sapeurs-pompiers qui ont été agressés qui est très soutenu par rapport au reste du territoire. Et deuxième, l’agglomération lyonnaise est la deuxième de France et le nombre d’interventions dans la région est en constante augmentation", nous indique-t-il.


Découragement et inquiétude


Mais outre cette explication, les pompiers trouvent que la justice ne fait rien pour que ces agressions diminuent. Ils sont découragés devant ce laxisme. "Pour que les agressions baissent, il faudrait envoyer un message clair à l’attention des personnes qui agressent les pompiers. Il faut qu’ils sachent que c’est très grave, que ce n’est pas quelque chose de commun et qu’ils risquent gros et pas simplement un rappel à la loi ou un classement sans suite. On souhaite que la peur change de camp", explique le secrétaire général du syndicat SUD.
Rémy Chabbouh a vu ce phénomène ce développer d’années en années. "Avant c’était juste des insultes ou des menaces, maintenant on peut être attendu avec des armes à feu sur certaines interventions", s’inquiète-t-il.

 

Les délais d’intervention augmentent

 

Certains pompiers ont d’ailleurs peur de porter plainte. C’est pour cela qu’ils ont fait une demande d’anonymisation des dépôts de plainte pour ne pas que leurs adresses postales soient connues.
Autre conséquence inquiétante de ces agressions, l’augmentation des délais d’intervention. "Le fait d’appeler la police pour certaines interventions où il y a des risques d’agressions augmentent les délais d’intervention des sapeurs-pompiers. Ce qui est très préjudiciable", souffle Rémy Chabbouh.

 

A noter que depuis début 2016 sur certaines interventions, les soldats du feu rhodaniens sont équipés de gilet pare-balle.