FN : va-t-on vers la fin de l’ère Boudot ?

FN : va-t-on vers la fin de l’ère Boudot ?

L’éclatement du groupe FN à la Métropole de Lyon est une mauvaise opération pour les frontistes du Rhône.

Ils perdent le statut de groupe et les moyens qui vont avec : un poste d’assistant, une prise de parole plus facile. La rupture est clairement dirigée contre Christophe Boudot puisque c’est Michel Casola qui démissionne en le pointant du doigt.

 

La contestation de Christophe Boudot remonte également dans les rangs du groupe FN à la région. Celui qui a été secrétaire départemental pendant neuf ans est-il en train de vaciller ? Ses positions sont encore fortes mais jusqu’à quand sera-t-il jugé indispensable ? La guerre des anciens et des modernes sévit au sein du Front, la ligne Marine-Philippot contre la ligne Gollnisch-Jean-Marie. Au siège local du parti, cours de Verdun, on a beau se revendiquer Bleu Marine, on n’aime pas faire de vagues.

 

Officiellement cette bataille n’existe pas. Pourtant les heurts sont de plus en plus nombreux entre les nouveaux arrivants partisans de la dédiabolisation et les vieux de la Vieille ou du Vieux, fidèles à la tradition. Les dérapages habituels de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz, mais aussi ceux de Bruno Gollnisch et plus récemment ceux de Christophe Boudot sur les Enfants d’Izieu ou sur son "pétainisme", ça ne passe plus. C’est d’ailleurs une des raisons principales de l’accrochage entre Boudot et Casola.

 

Pourtant les deux sont sur la même ligne. L’élu de Villeurbanne est un vieux militant de la première heure, un compagnon de Pierre Vial et Stéphane Poncet qui ne sont pas particulièrement des modérés. Autre reproche fait à Boudot son dilettantisme. Il ne serait jamais là. Ou plutôt : à force de vouloir être partout, il n’est nulle part. Il cumule fonctions et mandats : membre du bureau politique national, président du groupe régional, conseiller municipal, conseiller communautaire et assistant parlementaire de Bruno Gollnisch.

Autre reproche : une carrière en saute-mouton. Élu municipal dans le 8e arrondissement après l’avoir été à Limonest, mais candidat aux législatives en Beaujolais, l’insaisissable Monsieur Boudot sait saisir les opportunités.

Pour autant Boudot n’incarne pas la figure du winner. Le score décevant de sa liste aux régionales (25,5 %) deux points en dessous de la moyenne nationale, ne valide en rien sa stratégie.

 

La contestation peut-elle aller jusqu’à l’écarter ? Pas sûr. D’abord parce que la fédé du Rhône reste très Gollnisch. Boudot, en succédant à ce dernier en 2007 comme secrétaire départemental, avait incarné la ligne tradition. Depuis que Muriel Coativy a repris le secrétariat départemental, la transition est en route. Si Christophe Boudot est ressenti comme un obstacle à la dédiabolisation, son étoile pourrait bien cesser de briller. Pas avant les législatives.

On ne voit pas bien qui pourrait lui contester sa candidature dans le Beaujolais. Mais après, tout est possible. D’autant que la figure tutélaire de Bruno Gollnisch a sérieusement pâli.