Les centristes du Rhône de plus en plus divisés sur le cas Macron

Les centristes du Rhône de plus en plus divisés sur le cas Macron

On a peut-être tort de brocarder Francois Fillon sur ses costumes à 40 000 euros.

Les vestes de Michel Mercier sont au moins d’aussi bonne qualité. Bien d’autres, à force d’être aussi souvent retournées, auraient depuis longtemps rendu l’âme...

 

Avec un don pour le slalom géant qui force l’admiration, l’ancien Garde des Sceaux vient donc de trahir une fois de plus ses électeurs et ses amis en apportant son parrainage de sénateur à Emmanuel Macron. Il s’était déjà exercé au grand écart en décembre dernier en apportant successivement (ou même concomitamment) son soutien à Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon lors des primaires à droite.

 

Et qu’il ne vienne pas nous dire qu’il est en phase avec son ami François Bayrou. Il existe une logique chez le maire de Pau qui s’était dès le départ rangé derrière Juppé et n’avait jamais caché ses réticences vis-à-vis du programme défendu par l’homme de la Sarthe. Ne voulant probablement pas miser sur le perdant, Michel Mercier avait joué les bons camarades en s’asseyant ostensiblement au premier rang lors du meeting lyonnais de François Fillon.

 

Reste à savoir quel poids politique représente aujourd’hui le soutien de l’ancien président du Conseil général qui vient de publier une tribune pro-Macron avec 9 sénateurs. Aux dernières élections sénatoriales, sa liste n’a guère fait d’étincelles. En 2004, elle avait fait pratiquement jeu égal avec celle de l’UMP que menait François-Noël Buffet. Dix ans plus tard, avec tout juste 15 % des suffrages et un seul élu, elle arrive loin derrière celles des Républicains (37 % et 4 élus) et celle des socialistes (26 % et 2 élus).

On ne peut oublier que lorsque Michel Mercier prend en main les destinées des centristes dans le Rhône, ceux-ci dominent très largement le paysage politique local. Ils détiennent six circonscriptions sur 14 (aucune aujourd’hui). Ses amis ont même la majorité à eux seuls au sein du Conseil général. Avec lui, ils ne cesseront de perdre du terrain jusqu’à laisser filer la présidence aux élections départementales de 2014.

 

Du coup, à la place d’Emmanuel Macron, on se méfierait un peu. L’ancien président du Département n’a visiblement pas son pareil pour faire perdre ses amis pendant que lui-même décroche les postes les plus prestigieux. On n’ose imaginer qu’il ait monnaye son soutien contre un plat de lentilles qui pourrait ressembler à un rond de serviette au conseil constitutionnel (le prochain renouvellement interviendra dans un peu moins de deux ans).

 

En attendant, les centristes du Rhône se retrouvent plus divisés que jamais. Il y a ceux qui, tels Anne-Sophie Condemine, Fouziya Bouzerda et Thomas Rudigoz à Lyon, avaient déjà rejoint la gauche de Gérard Collomb. Il y a ceux qui suivant l’exemple de Mercier viennent de franchir le pas et rejoindre Macron. C’est le cas de plusieurs élus régionaux, notamment le Modem François-Xavier Pénicaud.

Enfin, un homme comme l’UDI Christophe Geourjon ne cache pas que les révélations sur Fillon l’ont mis particulièrement mal à l’aise, contrairement à Denis Broliquier, rangé derrière le candidat des Républicains. Du coup, il a refusé de le parrainer, tout en se gardant bien d’apporter son soutien à quelque autre candidat que ce soit.