Stationnement payant : la colère gronde chez les professionnels de santé à Lyon

Stationnement payant : la colère gronde chez les professionnels de santé à Lyon

Depuis le 1 janvier 2017, le stationnement pour les professionnels de santé est devenu payant. Une situation qui agace les personnes concernées.

C’est la bronca chez les professionnels de santé. La Ville de Lyon a profité de l’application de la loi de modernisation de l’action publique et d’affirmation des métropoles pour généraliser le stationnement payant aux professionnels de santé. Une situation que ces derniers dénoncent.

 

De fait, l’application du stationnement payant aux médecins, infirmiers, etc. marque davantage la fin d’un privilège qu’un changement radical de la loi. "C’était une tolérance qui était réservée aux professionnels de santé qui faisaient des visites à domicile […]. Ça n’existe pas de faire une gratuité pour une catégorie de personnes, ce serait une discrimination" souligne-t-on du côté de la Ville.

 

Une remise en cause de la profession

 

De leur côté, les professionnels de santé ne décolèrent pas. "C’est un vrai problème, ce n’est pas admissible" estime Florence Lapica, présidente du syndicat MG France Rhône-Alpes. Dans une tribune publiée chez nos confrères de Tribune de Lyon, Lucien Baraza, président régional de l’URPS Infirmiers avait estimé que "ce qui choque le plus, c’est le caractère aberrant d’une telle disposition. En effet, toute l’organisation des soins qui se met aujourd’hui en place dans notre pays privilégie le maintien à domicile des patients et la réduction des durées d’hospitalisations très couteuses."

 

Un sentiment partagé par Florence Lapica, qui estime qu’ "on ne permet plus aux soignants d’aller aux domiciles. Et d’ajouter : on fait vraiment ça pour le maintien à domicile. Clairement, je gagne plus à mon cabinet".

 

La Mairie quant à elle, réplique que la décision a été prise suite à de nombreuses remontées "de Lyonnais […] comme quoi ça ne fonctionnait peut-être pas de manière équitable". Car pour les autorités, la mesure vise avant tout à mettre fin aux abus. Une situation que ni Lucien Baraza ni Florence Lapica réfutent. Tous deux ont conscience de ces abus, mais auraient apprécié une prise de position plus compréhensive de leurs préoccupations.

 

Pas de consensus

 

Pour Florence Lapica, l’application stricto sensu de la loi n’est pas plus juste pour autant. Pour se justifier, elle met en avant la situation de certains professionnels qui ne font que quelques visites en zones payantes et qui devraient également payer un abonnement. Car la mesure telle qu’elle est prévue par la Mairie prévoit le payement d’un abonnement annuel ouvrant droit à une période de stationnement sans surcoût. Cette période "gratuite" de stationnement a été fixée à 1 heure 30 après négociations, puisqu’elle avait en premier lieu été limitée à une heure.

 

Mais les sommes engagées restent importantes pour certains praticiens. Le chiffre de 2 000 euros annuels de frais de stationnement a été avancé à plusieurs reprises. Pourtant, la Ville se défend de vouloir renflouer ses caisses : "l’idée n’est pas de récupérer de l’argent, mais de contrôler la pratique pour qu’elle soit plus équitable" nous a-t-on expliqué.

 

Pour proposer un fonctionnement plus équitable, la Mairie a donc revu sa copie. Alors que le tarif initial de l’abonnement annuel était de 240 euros, il a été décidé de l’abaisser à 120 pour les professionnels effectuant plus de 150 visites à l’année. Une réponse qui satisfera peut-être ceux qui effectuent de nombreuses consultations à domicile. Mais elle pourrait aussi, à l’inverse, pénaliser ceux dont la visite à domicile ne constitue pas l’essentiel de leur activité, comme l’a souligné Florence Lapica.

 

Cette dernière a par ailleurs mis en cause les méthodes de la Ville. D’après elle, le projet a été lancé dans un climat de quasi-secret, sans réellement chercher le consensus entre les partis. Un tort a priori en train d’être corrigé, d’après Florence Lapica, qui assure avoir "entamé des réunions et des négociations avec la Ville". Mais elle nuance néanmoins, en affirmant que ces pourparlers "stagnent".

 

En attendant de trouver un terrain d’entente, le bras de fer continue donc. Les verbalisations se multiplient sur les pare-brise des médecins, malgré les caducées. Une situation qui pourrait confirmer la position forte que souhaite adopter la Mairie. Mais les professionnels de santé sont prêts à se faire entendre selon Florence Lapica, qui assure que "si leur position reste inchangée, nous allons nous mobiliser devant la mairie."