Jean-Michel Aulas victime d’un canular à l’occasion de sa légion d’honneur

Jean-Michel Aulas victime d’un canular à l’occasion de sa légion d’honneur

Des centaines de fausses invitations ont été expédiées dans toute la ville.

Voilà qui rappellera quelques vieux souvenirs aux nostalgiques des grandes années de la bande à Bocuse. C’était l’époque où nos cuisiniers rivalisaient d’imagination pour nous mitonner de succulents canulars. L’atmosphère fait que l’on a trop souvent perdu le sens de l’humour et que l’on s’amuse nettement moins aujourd’hui qu’hier. Reste qu’un (ou plusieurs) plaisantins viennent de renouer avec cette tradition en arrosant copieusement Lyon de (fausses) invitations à assister à la cérémonie au cours de laquelle le Président de la République va remettre, ce lundi, les insignes d’officier de la Légion d’honneur à Jean-Michel Aulas. Le carton comporte même quelques indications vestimentaires (à destination de François Fillon peut-être), chacun étant tenu de venir "en tenue de ville ou en uniforme". C’est à l’Élysée que le président de l’Olympique Lyonnais a choisi de se faire épingler par François Hollande himself.

 

Rares sont les personnalités qui ont droit à cet honneur. Plus rares encore celles qui ne sont pas au milieu d’une "fournée" comprenant cinq ou six décorés. Pas question pour JMA de se retrouver assimilé à un banal professeur de médecine, un médaillé olympique, un artiste réputé ou un industriel méritant. Il a voulu et obtenu sa cérémonie pour lui tout seul. Au-delà de la satisfaction de son ego, cela lui permet d’inviter une cinquantaine de personnes (contre une quinzaine par récipiendaire quand plusieurs décorés sont présents). Tout fier d’être convié à l’Élysée, l’un des invités a visiblement été imprudent et montré son invitation à un esprit taquin. Résultat, des centaines de contrefaçons ont été expédiées à nombre d’élus et de personnalités lyonnaises que le patron de l’OL avait "oublié" d’inviter.

Jean-Michel Aulas a découvert le pot aux roses quand, mardi ou mercredi dernier, son portable s’est mis furieusement à sonner. Il est vrai que son numéro figurait sur l’invitation pour la réponse. Quand on connaît l’humour de l’intéressé, on imagine aisément sa réaction quand il lui a fallu expliquer à tout un tas de gens, dont certains proches, qu’il n’était pour rien dans cette mauvaise blague. Et qu’en fait, ils n’étaient pas invités.

 

Tout le monde n’a pas été piégé. Le vieux briscard qu’est le publicitaire Alain Sitbon par exemple a tout de suite eu des doutes. Il est vrai que ce n’est pas la première fois qu’il reçoit une invitation de l’Élysée. Et lui sait exactement à quoi elles ressemblent. Un coup de fil au service protocole de la Présidence de la République lui a vite permis de comprendre qu’il se trouvait face à une farce. Un fake diraient ceux qui parlent jeune.

 

Une dizaine de victimes innocentes ont été identifiées par nos soins, elles sont aujourd’hui bien déçues de n’être pas vraiment invitées. "Ça aurait été la première fois que j’aurais mis les pieds à l’Élysée", nous a confié tout triste l’un des destinataires. Si l’on en croit certaines confidences qui nous ont été faites dans l’entourage d’Aulas, celui-ci voudrait porter plainte. Reste à savoir pour quel motif. Sauf erreur de notre part, le ridicule n’est pas sanctionné par le Code pénal. Pas plus que le mauvais goût. Sinon, nombre de sièges seraient vacants à l’Assemblée Nationale, au Sénat et peut-être même au gouvernement.

En attendant, cette aventure risque de coûter quelques picaillons au président de l’Olympique Lyonnais. Gêné de n’avoir pas invité certains qu’il n’hésite pas par ailleurs à solliciter pour financer généreusement les loges de son Grand Stade, il a fini par leur proposer une séance de rattrapage. En effet, plusieurs centaines de personnes privées de l’Élysée avaient déjà été conviées à une sauterie baptisée ironiquement "séance complémentaire". Un dîner sera même servi.

 

Nous nous garderons bien de révéler l’heure et le lieu de rendez-vous de peur qu’une nouvelle fausse invitation fleurisse à nouveau et qu’elle oblige notre officier légionnaire à casser sa tirelire pour régaler tout le monde.