Chez Pôle Emploi à Lyon, c’est "open bar" pour les annonces bidon

Chez Pôle Emploi à Lyon, c’est "open bar" pour les annonces bidon

La CGT dénonce 61% d’offres d’emploi non conformes dans la métropole lyonnaise.

Le 18 avril dernier, la CGT a présenté au directeur territorial de Pôle Emploi Philippe Hillarion les résultats d’une étude. Selon le syndicat, 61% des offres d’emploi présentes sur le site de l’agence nationale dans la métropole lyonnaise seraient illégales. Ce chiffre est supérieur de plus de dix points à la moyenne nationale : 50,3 %.

 

Durée de contrats non précisées, emplois situés hors zone, faux CDI transformés en CDD, durée de missions non conforme aux annonces et, pire encore, de fausses propositions d’emploi qui sont en fait de vraies annonces pour racheter des fonds de commerce, à des prix sans rapport avec les indemnités de chômage : de 400 à 900 000 euros. Les secteurs les plus touchés sont le commerce avec 96,67 % de carambouilles ; suivi de près par l’aide à la personne 88,89 % ; puis l’hôtellerie-restauration 87,04 % et l’industrie 78,57 %. Puis joli tir groupé de l’industrie, le secrétariat et divers commerces non alimentaires.

 

On relève au passage quelques pépites. Comme cette reprise de gérance qui sonne un peu "escrocs bienvenus". Pour 400 000 euros, l’heureux bénéficiaire reprendrait la gestion d’un café restaurant en plein centre-ville avec terrasse. On lui précise pour le motiver "le patron ne travaille pas sur place et n’est pas du métier, donc facilement développable". On doit pouvoir le plumer sans trop de difficulté.

Et cette autre qui cherche à motiver les candidats en encourageant l’alcoolisme : "120 bouteilles de vodka, 230 hectolitres de bière !" De quoi fêter dignement le changement de direction. L’annonceur précise : "clientèle jeune donc facile à gérer". Ça doit faire un moment qu’il n’en a pas vu, des jeunes !

 

On trouve aussi des interprétations très souples des définitions de poste : la mission marketing se transforme en une distribution de tracts sur la voie publique (street marketing). Le catalogue pourrait prêter à rire s’il n’y avait pas des enjeux de chiffrage qui conditionnent des politiques publiques. Pôle Emploi revendique 600 000 offres disponibles sur son site. Or si l’on applique le ratio de 50 % d’offres non conformes, le nombre d’emplois réellement offerts serait de moitié inférieur. Beaucoup plus difficile dans ces conditions de faire pression sur les chômeurs autour de la notion d’offres "raisonnables".

 


Pourtant, le Code du Travail précise dans son Article L5331-3 : "Il est interdit de faire publier dans un journal, revue ou écrit périodique ou de diffuser par tout autre moyen de communication accessible au public une insertion d’offres d’emploi ou d’offres de travaux à domicile comportant des allégations fausses ou susceptibles d’induire en erreur et portant en particulier sur un ou plusieurs éléments suivants : 1° L’existence, le caractère effectivement disponible, l’origine, la nature et la description de l’emploi ou du travail à domicile offert ; 2° La rémunération et les avantages annexes proposés ; 3° Le lieu du travail."


En théorie, Pôle Emploi est supposé vérifier la conformité des offres avant édition sur son site. En réalité, d’après la CGT, un contrôle est bien effectué lors de la première publication, mais ensuite c’est open bar pour toutes les autres. Du coup, comme on peut le vérifier en allant sur le site de Pôle Emploi, l’espace "Offres" est truffé de propositions émanant de "partenaires" qui sont en fait des sites commerciaux comme Nutrixo, Guy Hoquet Entreprises, Fed Business. Pire encore, certains comme Jobijoba seraient spécialistes des offres qui n’existent pas. Ce qui n’empêche pas les unes et les autres d’attirer des flux sur leur propre espace et de vendre de la publicité. Ni Pôle Emploi de gonfler artificiellement son nombre d’offres.

Tout le monde est gagnant. Sauf les chômeurs, peut-être.