Najat Vallaud-Belkacem : "Si vous pouvez dire un mot gentil sur moi..."

Najat Vallaud-Belkacem : "Si vous pouvez dire un mot gentil sur moi..."

De Villeurbanne il a assurément été beaucoup question dans cette seconde conférence de proximité organisée dans une grande salle du cours Emile Zola par la candidate PS mardi.

Devant le maire Jean-Paul Bret qu’elle a fait applaudir plusieurs fois : "Je peux vous dire que j’en ai vu des élus locaux qui viennent supplier l’Etat pour qu’on n’installe pas un foyer d’accueil des réfugiés dans leur commune. Avec Jean-Paul Bret il n’y a jamais eu ce genre de discours" et Pascale Crozon, député sortante : "Je ferai comme elle en matière de choix d’assistants parlementaires : des villeurbannais qui connaissent les quartiers', la candidate PS n’a cessé de marteler son attachement à la ville de Villeurbanne (même quand elle reconnaissait avec un propriétaire présent et agacé que 700 euros de taxe foncière pour un 44m² ça faisait beaucoup, 'pardon Jean-Paul').

Assise à côté de Didier Vullierme, son suppléant stoïque dans la chaleur intense, elle a répondu pendant plus de deux heures aux questions affutées d’une salle par ailleurs conquise.

 

Parfois cette salle dialogue d’ailleurs avec elle-même. Un parent d’élève de l’école Jules Ferry dit son angoisse de devoir inscrire ses deux enfants au Collège Jean Jaurès dont on dit tant d’horreurs : "encore cet après-midi un incident très grave s’est déroulé". Dix minutes plus tard un "écologiste de cœur" le rassure "mes trois enfants sont passés par le collège Jean Jaurès qui avait déjà mauvaise réputation. Ils sont allés ensuite au lycée Frédéric Fays, et ils s’en sont sorti dans la vie". Mais Najat Vallaud-Belkacem a aussi une piste de réponse : "Quand j’étais ministre j’ai engagé une réforme à ce sujet : la carte de secteurs multi-collèges. Ce qui voudra dire que les parents dont les enfants quittent le CM2 auront faire des vœux avec 4 ou 5 collèges. Et si l’un des collèges est systématiquement c lassé en dernier par tous les parents alors nous pourrons agir pour aider ce collège".

Car d’éducation il en a été beaucoup question lors de cette seconde conférence de proximité. La candidate le reconnaissait en s’adressant à une jeune prof qui vient d’obtenir son concours : "Tous ceux qui sont enseignants ici savent comment cela marche. Les enseignants les plus inexpérimentés vont dans les endroits où on aurait besoin des plus expérimentés. Et je note que la volonté de Macron inverser cela va tout à fait dans le bon sens. Je soutiendrai cela dans la négociation qui va s’ouvrir avec les syndicats enseignants".

 

Méfiance envers Macron

 

Par ailleurs, soutenir les réformes de Macron n’a pas l’air d’être la priorité de Najat Vallaud Belkacem "Je peux comprendre que des mairies aient envie de remettre la question des rythmes scolaires sur la table. Mais alors il faut associer les parents. Et surtout il ne faut pas toucher au fond d’aide au péri-scolaire de 300 millions d’euros que l’Etat verse aux communes. Sinon les communes les moins riches laisseront tomber et sera le retour de la télévision pour occuper les enfants".

La liste des sujets de méfiance que la toute récente ex-ministre nourrit contre le nouveau Président est longue. Sur les impôts : "Je vous invite à être très très vigilant sur la question de la fiscalité, je ne vois pas comment financer les baisses annoncées". Sur les indemnités de licenciement ensuite et l’importance de laisser la possibilité aux juges des prud’hommes de faire varier les indemnités versées en cas de licenciements abusifs en fonction de la situation personnelle de la personne licenciée, alors qu’elle soupçonne Emmanuel Macron de vouloir céder au Medef sur ce point. Sur le travail enfin : "Je ne fais pas insulte au Président car il l’a lui-même dit. Il ne veut pas que soit associés les mots ‘pénibilité’ et ‘travail’ car cela dévalorise le mot travail. Et bien moi je sais ce que c’est que la pénibilité d’un travail".

 

Donnant donnant

 

L’heure tourne, il faut conclure, "que peut-on faire pour vous aider ?", demande un militant conquis et flatteur. La candidate - dont le leadership dans la course à la députation est devenu très incertain après la publication d’un sondage du JDD la classant deuxième -  a plein d’idées à ce sujet "j’ai besoin de compter sur vous cette fois, vous pourrez compter sur moi ensuite (…) des réformes comme le pôle stage que j’ai mis en place dans les académies pour aider les enfants qui n’ont pas de réseau pour trouver un stage, personne n’en parle. Vous pourriez le faire ?".

 

Et pour ce qui est de cette élection ? "Si vous voulez nous inviter à une réunion d’appartement - on en a bien fait une trentaine avec Didier déjà - on sera là. Et chaque fois que vous êtes en groupe, au travail, en famille, parlez de cette élection, de l’importance de participer. Si les gens ne se mobilisent pas, l’abstention peut dépasser 50% comme en 2012. Quelle légitimité avoir après ? Et si par ailleurs vous pouvez dire un mot gentil sur moi, c’est aussi bien", conclue-t-elle dans un éclat de rire. La réunion est terminée mais la candidate n’en a pas fini avec les dizaines de fans qui veulent des selfies ou un mot personnel.

 

@lemediapol